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Visite Joker

Stéphanie-Morvan

Stéphanie Morvan, créatrice et gérante de Joker, ouvre les portes de son entreprise de services à la personne pour échanger avec le public sur les différentes facettes de son expérience d’entrepreneure…Une cinquantaine de femmes assiste à la visite.

Le lien avec Initiatives Plurielles et les valeurs de Joker…

L’association Initiatives Plurielles m’a contacté pour devenir marraine et j’ai tout de suite accepté. Je suis très fière de faire partie d’Initiatives Plurielles et de pouvoir aider des femmes créatrices d’entreprise et c’est avec grand plaisir que je vous accueille chez Joker aujourd’hui. J’espère que ça va vous donner envie de créer, que ça va vous donner du courage pour oser. Je crois que c’est cela qui est important, surtout quand on est femme. Une des valeurs de Joker c’est la convivialité.

le parcours de Stéphanie, gérante de Joker

Le parcours avant de créer…

Je suis bretonne d’origine et j’ai donc fait mes études en Bretagne. J’ai eu la change de bénéficier d’une bourse pour entreprendre des études supérieures et je suis diplômée de l’école supérieure de commerce de Brest. Pour payer mes études, j’ai fait des ménages. J’ai travaillé dans des hôpitaux, des maisons de retraites, des bureaux. J’ai ensuite été embauchée dans un grand groupe. Lorsqu’ils m’ont proposé de partir à Lille, j’ai accepté avec plaisir.

La naissance de l’idée…

J’ai eu un premier enfant. Mon mari et moi, nous faisons beaucoup d’heures, nous avons donc dû recruter une assistante maternelle. Mon mari n’étant pas bricoleur, nous devions régulièrement faire appel à une personne extérieure à ce niveau là. Je ressentais, pour tout ce personnel à domicile, un besoin de formation, de professionnalisation. Il y avait beaucoup de travail au noir dans ce domaine ce qui rendait ces emplois très précaires. Je me suis alors demandé s’il n’y avait pas quelque chose à faire pour créer un centre de formation pour le personnel à domicile.

Le lancement du projet…

En février 2005, j’ai pris connaissance du plan de cohésion social d’aide à la personne (plan Borloo) qui allait dans le sens de mes constats. Il était précisé que le gouvernement allait faciliter les initiatives des créateurs d’entreprise qui souhaitaient se lancer dans les services à la personne. J’ai sauté sur l’occasion : je connaissais le secteur alors je me suis lancée.

De la nécessité d’être entourée…

Avant toute chose, j’en ai parlé à mes amis, ma famille, mon mari. Je pense qu’il est important d’être soutenue par ses proches quand on crée. C’est également à vous de les convaincre de la pertinence de votre projet, de sa viabilité. J’ai souhaité les intégrer en tant qu’associés dans l’entreprise pour qu’ils se sentent vraiment impliqués. Ils m’ont apporté un grand soutien moral lorsque j’ai crée.

De la nécessité d’être accompagnée…

J’ai rencontré plusieurs conseillers dont c’est le métier d’aider des créateurs d’entreprise (chambre des métiers, CCI, BGE). A l’époque je ne connaissais pas Initiatives Plurielles, sinon je me serais adressée à eux, c’est certain ! Il est important de solliciter des personnes ressources, on ne peut pas créer seule. Il s’agit de confronter ses idées pour construire au fur et à mesure son projet, tant au niveau marketing, financier, ressources humaines, juridique, etc. Il n’est pas forcément nécessaire de maitriser si on arrive à trouver les bons conseillers qui peuvent nous aiguiller.

Le démarrage de l’activité : les premiers pas dans la création…

Pour les services à la personne il faut un agrément de l’état. J’ai dû préparer le dossier. En attendant, je me suis attelée à chercher un local. Ensuite, j’ai commencé à recruter les salariés : le personnel d’encadrement et les aides à domicile. Lorsque j’ai obtenu l’agrément, le délégué territorial dela Directiondépartementale du travail m’a contacté pour m’indiquer que le préfet et le ministre souhaitaient venir sur Lille et promouvoir la création d’entreprise de services à la personne. Beaucoup de journalistes étaient présents et Joker a fait la deuxième page de la voix du nord. Rapidement, on a été débordés au standard téléphonique par les clients et les candidats au recrutement et l’activité a décollé complètement.

Joker aujourd’hui, 6 ans après sa création…

J’ai trois enfants, et je considère que Joker est mon quatrième enfant ! Ca fait maintenant 6 ans que l’entreprise a été crée. Nous avons 150 salariés : staff et personnel à domicile. En 2011, nous aurons réalisé 1,5 million de chiffre d’affaires. Par contre, il faut préciser que notre marge est très faible. Quand nous enlevons les frais de structure, les assurances, le coût du personnel administratif et de la gestion administrative il ne reste plus grand-chose.

Ce qui motive Stéphanie Morvan dans le fait de créer…

Ce n’est pas le gain financier qui m’intéresse. En premier lieu, ce que je cherchais, c’était la reconnaissance sociale. J’avais besoin d’être reconnue socialement par une position de chef d’entreprise, créatrice d’emplois et de chiffre d’affaire. D’ailleurs, pendant plusieurs années, j’ai préféré investir dans la communication que me verser du salaire. J’ai la chance d’avoir un mari qui travaille et de ce fait, on a pu vivre sur ses revenus quelque temps. J’ai également pu bénéficier de l’ACCRE en tant que demandeur d’emploi et créatrice d’entreprise.

Une envie : développer son entreprise…

Si je ne me suis pas versée de salaire au début, c’est pour pouvoir développer plus vite Joker. Si je n’avais pas eu de conjoint, j’aurais tout de même crée en développant l’entreprise moins vite. Forcément, j’aurais dû me dégager un salaire et j’aurais eu moins d’argent à mettre dans le budget communication. On aurait peut-être 2 ans de décalage dans le développement de l’entreprise.

Le quotidien de femme chef d’entreprise de Stéphanie

Présentation d’une journée au planning

… Dégager du temps pour sa famille tout en préparant sa journée de travail

Le matin, je me réveille à 6h30. Je me prépare jusqu’à 7h et je vais réveiller mes enfants. Je les prépare jusqu’à 7h30. Je mets une lessive en route. Ensuite, je prends le petit déjeuner avec mon mari et à 8h, nous partons. J’emmène mes enfants à l’école. C’est une chose à laquelle je tiens.

… Des RDV professionnels pour développer l’activité

Demain matin, à 9h, j’ai RDV avec une experte en marketing et communication parce que je veux refaire le site internet, les flyers. Nous devons innover dans notre image de marque, dans nos messages et elle va m’aider. Comme mes connaissances sont limitées dans ce domaine, je fais appel à une personne extérieure. Ensuite, j’ai pris RDV avec un opérateur téléphonique parce que je souhaite faire bénéficier à nos salariés intervenant à domicile de téléphones portables. Ainsi, elles pourront nous joindre en permanence. Elles sont seules dans les maisons, c’est donc important.

… Gérer les ressources humaines

A 11h, j’ai un entretien de validation pour une candidate qui a presque passé toutes les étapes du recrutement. Si tout va bien, nous allons lui signer son CDI.

… Entretenir son réseau pour assurer la bonne marche de l’entreprise

Ensuite, je filerais à la fédération des entreprises de services à la personne. C’est une association dans laquelle je suis très investie. Entre confrères, on réfléchit aux moyens à mettre en œuvre pour améliorer la performance de nos entreprises : performance RH, performance qualité, etc.

… La relation avec les clients

A 19h, j’ai une visite client. J’ai choisi de faire moi-même les visites clients du soir. Je vais chez eux pour les convaincre de devenir client Joker. Je leur explique le fonctionnement de l’activité et je les écoute exprimer leurs attentes et priorités pour leur proposer l’aide ménagère qui leur conviendra le mieux.

… Accompagner ses enfants malgré la charge de travail

Je rentrerai chez moi vers 20h. J’ai une assistance maternelle Joker qui s’occupe très bien des enfants jusque là ! Et je les mets au lit. C’est aussi quelque chose à laquelle je tiens. Je leur lis une histoire, je leur fais un bisou.

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« Joker à l’époque était en SARL. Effectivement, dans les services à la personne on retrouve deux types de modèle : association et entreprise. Moi, je suis une femme entrepreneure. »

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« Cette année, en 2011, j’ai fait le choix de me verser un salaire même si je ne suis pas encore revenue à mon niveau de salaire précédent. Mais l’entreprise qui m’employait payait bien et je faisais beaucoup d’heures de travail également. Peut-être que d’ici un an ou deux j’y arriverai. Et après cette échéance, j’espère dépasser mon ancien salaire. »

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« Si je n’avais pas eu mon mari, je me serai lancée tout de même. Par ailleurs, je n’ai pas voulu faire de prêt auprès d’une banque. Mais j’ai beaucoup d’amies chef d’entreprise qui n’ont pas de conjoint et qui se débrouillent très bien. En ce qui me concerne, c’est un choix personnel que j’ai fait parce que je voulais me développer très vite et que je sentais la nécessité de le faire. Dans les services à la personne, quand nous avons démarré l’activité, il y avait 20 structures sur Lille et son agglomération, maintenant en 2011, nous sommes 200. »

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« Il y a aussi un autre élément important. C’est moi qui me fais mon virement de salaire et je n’y arrive pas ! Je me demande ce que je vais faire de cet argent personnellement et j’en viens à me dire que ce serait peut-être mieux de l’investir dans l’entreprise, de la développer. »

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« Oui. J’aimerais bien que Joker emploie 500 salariés d’ici 2015. »

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« J’ai crée en 2006 et mon dernier enfant est né en 2007. Je voulais justement vous dire qu’il est tout à fait possible d’allier une grossesse avec la création d’entreprise. »

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« Oui, j’ai toujours eu un rythme soutenu, même lorsque j’étais salariée. Je n’ai pas changé sur ce point, j’ai même gagné en qualité de vie puisque l’entreprise qui m’employait me faisait faire des déplacements au national. Ce qui me contraignait à trouver des solutions pour mes enfants.

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« Je pense que oui, sincèrement. Je connais plein de chefs d’entreprise qui sont autodidactes et qui ont réussi. Ma formation, je pense qu’elle m’a ouvert l’esprit. Dans la mesure où je viens d’un milieu social ouvrier - ma mère était femme de ménage et mon père aide soignant - cette formation m’a juste amenée à penser que j’étais capable d’y arriver. De plus, j’ai eu la chance d’assister à des conférences organisées par de grands dirigeants ce qui m’a ouvert l’esprit. Mais en bouquinant, en tapant aux portes, en allant demander du conseil, on peut trouver la même aide ailleurs. Il ne faut pas vous arrêter à ça. Ce qui compte avant tout c’est l’envie, la motivation. »

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« Avant de créer, j’ai fait mon étude de marché. Les clients attendent de la qualité de service. Ils souhaitent que les choses soient bien faites mais ils attendent également du savoir-être : la ponctualité, la discrétion, la communication écrite et orale, le respect du domicile… A ce niveau, Joker se démarque grâce à la formation des intervenants. Lors de la création de Joker, j’ai également crée un centre de formation qui forme nos intervenants à domicile. »

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« Oui. J’ai une super équipe. Nous sommes 5 collaborateurs plus moi. Ce sont mes 5 bras droits. Nous avons défini les tâches et missions de chacun. Nous œuvrons chacun à notre niveau pour le recrutement. Nous sommes complémentaires. »

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« Pour trouver de nouveaux clients, il faut que la clientèle actuelle soit satisfaite parce que le bouche à oreille occupe une grande place. Pour garder le client actuel on fait en sorte que le travail de nos intervenants soit de qualité. On assure un suivi sur le terrain, on fait des enquêtes satisfaction clients. Nous sommes très proches de nos clients. »

Visite et rencontre chez Joker...

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