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Visite Les Petits Terriens

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Céline-Grasset

Céline Grasset, créatrice et gérante des Petits Terriens, ouvre les portes de sa boutique d’articles de puériculture bio et/ou équitable pour échanger avec le public sur les différentes facettes de son expérience d’entrepreneure… Une vingtaine de femmes assistent à la visite.

le parcours de celine grasset, creatrice des petits terriens

Le parcours avant de créer…

Au départ, j’ai fait une école de commerce, j’ai cherché un premier emploi et c’est ainsi que je suis arrivée à Lille. Je suis nantaise d’origine. Je travaillais alors dans le textile en tant que commercial export. Dans le cadre de cette activité, j’ai rencontré des acteurs du textile en Angleterre, mais également en Allemagne et en Europe en général. J’ai toujours eu une fibre naturelle, éthique, bio et déjà dans ce métier, je m’étais rendue compte qu’il y avait une grande disparité entre ce qu’on pouvait faire chez nous en France et ce qui se faisait à l’étranger notamment en terme d’offre de produits. J’ai commencé à m’y intéresser à ce moment là.

La fin du salariat et l’opportunité de la création…

Le textile nordiste étant ce qu’il est, l’entreprise dans laquelle je travaillais ne se portait pas très bien et à ce moment j’étais enceinte. Nous avons donc négocié un départ à l’amiable. J’ai fini ma grossesse et là je me suis demandée ce que j’allais faire ? j’ai commencé à chercher et je me suis rendue compte qu’il n’y avait pas beaucoup d’alternatives. Etant donné que je n’avais pas de relais familial dans la région, je suis arrivée à la conclusion suivante : soit je reste maman au foyer et je verrais bien dans 2, 3 ans, soit je trouve une autre idée pour me lancer dans une activité. La première option ne m’a pas intéressée longtemps !

La naissance de l’idée…

Je cherchais des produits pour mon fils nouveau-né : des produits bio, éthiques et pas très chers parce que sans travail, le budget était réduit ! Et il y a 5 ans, en France, on pouvait trouver des produits bio, éthiques, mais le prix restait élevé. J’ai donc commencé à importer des produits d’Allemagne et d’Angleterre. Ils étaient plus accessibles et correspondaient à mes attentes. Lorsque je les utilisais, on me demandait « mais tu as trouvé ça où ? » Et comme j’avais le temps, j’ai commencé à faire une vraie étude de marché pour voir s’il y avait effectivement un potentiel.

Le lancement du projet…

J’ai regardé ce qui existait, ce qui se faisait, les gammes de prix, les caractéristiques des personnes intéressées par le bio… et j’en ai déduit qu’il y avait effectivement un créneau. Je me suis alors demandé : comment le faire ? Fallait-il partir sur une boutique physique ou sur une boutique web ? Fallait-il partir sur quelque chose de grand tout de suite ou non ? Je me suis donc fait aider, j’ai demandé conseil, j’ai regardé l’impact financier de chaque solution. J’en ai conclu que le plus simple pour démarrer et pour valider le concept, était d’ouvrir une boutique web qui me permettrait de tester le projet avec une gamme de produits pas trop importante.

Le développement de l’entreprise…

La boutique web s’est développée tranquillement. Comme je travaillais chez moi, les frais étaient minimes, cela m’a permis de grandir, de racheter du stock progressivement sans forcément remettre de l’argent. Et il est arrivé un moment où chez moi, il n’y avait plus de place. Deux solutions : soit je restais à cette échelle, soit je franchissais un nouveau cap d’investissement pour ouvrir une nouvelle boutique. J’ai choisi la seconde option !

L’ouverture de la boutique…

J’ai dû tout reprendre à zéro : refaire une étude de marché, une prospection au niveau des locaux, me poser les bonnes questions : quels sont les freins et les motivations des acheteurs physiques ? où trouver de l’argent, pour la caution et les frais… J’ai dû pour la première foi, faire appel à des financements extérieurs, je suis passée par les clubs Cigales pour qu’ils m’aident à démarrer la boutique. Aujourd’hui, après un an d’ouverture, elle marche plutôt bien et s’est développée plus vite que le site web. Pour l’avenir, je me demande si je ne vais pas multiplier le concept dans d’autres lieux, dans d’autres villes.

La conciliation entre vie professionnelle et vie familiale

Ce qui a été important dans mon projet, c’est la conjonction entre ma vie de famille et ma vie professionnelle. J’ai toujours eu une nounou mais elle a vu ses horaires croître au fil du temps ! De mon côté, comme ma boutique est sur le chemin de l’école, je vois mes enfants 3 fois par jours. Donc même si je travaille plus, je reste proche d’eux. Quand je travaillais chez moi, je pouvais arrêter à 16h30, aller chercher les enfants à l’école et retravailler le soir. Maintenant, avec la boutique, ce n’est plus possible. Il faut l’avoir en tête quand on change de lieu d’activité. Il faut aussi ne pas négliger les frais de garde occasionnés.

Les moments difficiles de la création d’entreprise

Il y en a souvent, au départ, ça m’affectait beaucoup et puis plus ça va, plus je prends du recul. Ce n’est pas facile quand c’est son entreprise et qu’on a mis toute son énergie dedans, mais d’une façon ou d’une autre, il y a toujours des solutions ! Il faut juste éviter de faire l’autruche. Quand on est chef d’entreprise, l’avantage c’est qu’on est tout seul, l’inconvénient c’est qu’on est tout seul. Mais même quand vous êtes seule, vous avez toujours la possibilité de trouver de l’aide quelque part. Il faut essayer de trouver les bonnes personnes qui pourront répondre à vos questions. En général ça fonctionne assez bien.

Les plaisirs et les joies de la création d’entreprise

C’est pareil, il y en a plein aussi ! Un petit plaisir évident, c’est de pouvoir se dire qu’on a fait les choses par nous même. On se dit qu’on a réussi à faire ça seule. Il y a aussi le mail du client qui nous écrit pour nous dire qu’il a été content de sa commande. Ca fait plaisir aussi de se rendre compte qu’il a pris le temps de vous adresser ce message. C’est une belle démarche. Et dans les grands plaisirs de la création, il y a cette satisfaction de se dire que ce qu’on fait, c’est bien. Quand les gens partent de chez moi, ils n’ont pas acheté quelque chose qui a été fabriqué par un enfant, ils ont pu faire travailler la petite entreprise du coin, ils ont contribué à faire vivre une famille en Inde dans de bonnes conditions… C’est une vraie satisfaction.

Défendre ses valeurs en créant son activité

Pour arriver à la création d’entreprise, il y a deux chemins. Soit vous avez surtout l’envie de créer et pour la concrétiser, vous chercher une activité réalisable. Soit vous avez une idée, un produit, une éthique et vous ne trouvez pas ce que vous voulez sur le marché et de ce fait, vous vous lancez. Moi, clairement, j’ai crée parce que je voulais montrer qu’on pouvait commercialiser des produits différemment. On n’est pas obligé d’entrer dans une démarche hyper capitalistique, de taper sur les autres pour faire de grosses marges. Je n’avais pas envie de ça. Mon idée c’est de montrer qu’on peut faire les choses différemment. C’est possible, même si l’impact est petit, je suis fière de ce que je propose.

Le quotidien de femme « cheffe » d’entreprise

Comme je suis seule, je suis « femme à tout faire » ! Je fais absolument tout : les cartons pour mes clients web, le déballage, la mise en rayon, l’étiquetage, les photos et la mise ne ligne sur le site web, le référencement sur internet, la compta, la gestion de l’activité, la recherche de nouveaux produits et je m’occupe de mes clients accessoirement ! Mes journées sont bien remplies. Je travaille de 10h à 18h à la boutique et souvent, je travaille encore chez moi le soir. Pendant les fêtes je travaille le samedi mais pas le reste de l’année. Je perds sans doute un peu de clientèle mais c’est un choix personnel. Je veux garder un peu de temps.

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Le plus difficile c’est de passer de la bonne idée au projet. Au début, on me disait souvent « tiens, tu t’es trouvé une occupation ! » La difficulté se situe plus au niveau psychologique que technique. Il faut prendre la bonne posture et se dire : oui, c’est vrai que je travaille de chez moi, que pour l’instant c’est un petit projet, mais j’ai les mêmes responsabilités que n’importe quel chef d’entreprise. C’est une question de posture. Après, plus vous prenez de l’ampleur et plus c’est facile.

J’ai fait un brainstorming familial. Je voulais vraiment une connotation « terre » dans le sens : nous sommes tous des enfants de la terre, et aussi pour mettre en avant le côté bio.

Ce n’est pas inné. Je n’ai pas un naturel très carré mais quand on crée on est obligé de le devenir un minimum. Au moins pour les choses importantes. Ce qu’il faut c’est être à jour dans vos papiers pour gagner du temps.

De par mon école, j’avais des bases. En plus, il faut dire que mon mari est consultant, ce qui aide. Et il y a aussi des associations de conseil, comme Initiatives Plurielles, qui peuvent vous aider sur ces aspects techniques. Sinon, j’ai un logiciel de compta. Je rentre les données et il fait les tableaux tout seul !

Non, ce n’est pas possible. Chez moi je pouvais le faire mais pas à la boutique. Il y a trop d’aléas. Il y a des clients qui viennent à tout moment, que je dois accueillir et conseiller…

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Oui et non. Aujourd’hui, oui j’ai retrouvé à peu près mon niveau de salaire de départ. Le problème c’est le coût de la nounou qui est très important. Mais en tant que salarié la problématique aurait été la même. D’un point de vue purement financier, il n’y a pas de gain significatif, ni de perte par rapport au salariat. C’est un style de vie que j’ai choisi.

Un parking, une facilité d’accès en voiture. Il y a beaucoup de maman qui viennent, qui sont enceintes ou qui ont de très jeunes enfants. D’un point de vue personnel, je voulais que ce soit àLa Madeleine, j’étais plus proche de mon domicile et ça m’arrangeait. Le prix est aussi un critère qu’il faut prendre en compte. Après, il faut qu’il y ait aussi un minimum d’intérêt du lieu. Ici, l’école et la halte garderie ne sont pas loin, et il y a aussi le marché qui amène beaucoup de visites.

Nous n’avons pas voulu passer par la banque parce qu’on ne voulait pas mettre de caution sur notre maison. J’ai également fait un prêt àla NEF, qui fait aussi partie de l’ESS comme les Cigales. C’est un prêt bancaire mais sur lequel il n’y a pas de caution.

Beaucoup moins qu’aujourd’hui. Quand on regarde sur internet et que l’on voit qu’il y a régulièrement des nouveaux sites, ça ne fait jamais trop plaisir ! Mais il faut dire que je ne suis généralement pas sur les mêmes marques que la plupart des autres sites bio et éthiques, ni sur les mêmes créneaux donc ça va.

Déjà, j’ai une newsletter. Ensuite, je suis sur les réseau sociaux et beaucoup de jeunes mamans sont en contact avec moi par ce biais. Je n’ai pas de carte de fidélité mais je fais des petits cadeaux spontanés aux clientes régulières.

Au-delà de la marge, c’est le choix du produit qui compte : les méthodes de fabrication, le lieu de fabrication, les matériaux utilisés et après le prix vendu. Moins il y a d’intermédiaires, plus vous aurez un prix intéressant. Moi, je ne travaille quasiment pas avec des grossistes je ne travaille qu’avec les fabricants en direct.

Oui. Si j’avais été seule, je me serais surement limitée à un blog d’information. Financièrement, nous avions des charges, un prêt pour notre maison notamment.

C’est du cas par cas. Ca dépend de ce qu’on attend comme revenu, des charges qu’on a, du type de projet.

J’ai eu mon deuxième enfant après la création de la boutique web mais avant celle de la boutique physique. Aujourd’hui, Je ne me vois pas gérer un projet maternité.

Visite chez Les Petits terriens...

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