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Compte rendu des visites et échanges
27 août 2012

Visite chez Flowersforzoe

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LA VIDEO

 

Caroline-Delemazure

 

Caroline Delemazure, créatrice et gérante de FlowersForZoé, ouvre les portes de son atelier de fabrication de bijoux pour échanger avec le public sur les différentes facettes de son expérience d’entrepreneure… Une vingtaine de femmes assistent à la visite.

 

LE PARCOURS DE CAROLINE DELEMAZURE,

CREATRICE DE FLOWERSFORZOE

L’entreprise aujourd’hui
J’ai crée la marque il y a presque 8 ans. Il s’agit de bijoux en porcelaine et en cuir, des bijoux français. Nous sommes 9 dans la société. Nous sommes entre 3 et 4 salariés ici dans l’atelier. FlowersForZoé est distribué en France, un peu en Belgique. Dans 7 Printemps, dans une 30aine de petites boutiques indépendantes. Et sur notre site internet flowersforzoe.fr.

 

Le concept, les valeurs

 

L’idée n’était pas forcément de créer des bijoux à la mode. Il s’agissait de créer une marque alternative et de pouvoir bénéficier du savoir-faire français qui est très précieux, de pouvoir le valoriser, en arrivant à distribuer des produits à des coûts raisonnables. C’était tout le challenge.

 

Avant la création
J’ai eu un emploi salarié avant. J’ai fait des études commerciales alors que j’avais toujours eu une fibre artistique. Dans mon ancien emploi je travaillais au service commercial dans une société de packaging. J’avais envie de changer de poste. Il y avait des tas de choses qui ne me plaisaient pas dans cette structure d’entreprise : manque de réactivité, manque de transmission d’informations, je voulais que tout aille plus vite.

 

La naissance de l’idée

 

J’ai découvert la peinture sur porcelaine en tant que hobbie. J’ai commencé à travailler, à créer à côté de mon boulot. J’ai montré ça à mon entourage, ça plaisait, j’ai commencé à vendre un petit peu. J’ai démarché quelques galeries. Au début, mes créations concernaient l’art de la table, les objets de déco, etc. J’avais préparé tout un stock pour la braderie de Lille et tout s’est vendu en deux jours. C’est ce qui m’a motivé. Je me disais que je devais continuer.

 

Le lancement du projet

 

Le seul gros investissement que je devais faire par rapport à la peinture sur porcelaine, c’était l’achat du four. Et un jour mon mari est arrivé avec un petit four et m’a dit « maintenant, tu t’y mets ! » Et c’est comme ça que j’en suis venue à me lancer et à déposer les statuts de FlowersforZoé. Au début, j’ai décidé de ne pas faire trop d’investissements pour limiter les risques,
je me suis résolue à ne pas avoir de salaire pendant X temps, à ne pas prendre de vacances, à travailler certains week-end. Mais quand on est passionnée, l’énergie est décuplée et on y va !

 

Donner un nom à l’entreprise
Quand j’ai crée mon entreprise, j’avais eu ma première fille qui s’appelle Zoé, d’où le nom de la marque « FlowersforZoé ». C’est le nom d’une chanson de Lenny Kravitz. Ensuite est arrivée ma seconde fille, Salomé, donc il va falloir que je trouve également quelque chose pour elle.

 

Etre soutenue au démarrage

En fait je me suis lancée relativement seule. Je n’ai pas bénéficié de l’appui de réseaux, j’ai crée discrètement. Après coup, je trouve cela un peu dommage. Par contre, j’ai eu la chance d’être aidée et accompagnée par mon mari qui lui avait repris une société 5 ans auparavant. Et son expérience pouvait m’aider sur différents aspects de la création d’entreprise, c’était un bon atout pour prendre du recul.

 

Création d’entreprise et entourage entrepreneurial
Ai-je un entourage entrepreneurial ? A l’époque non, à part mon mari. Je dirais même que pour moi, l’idée de créer une entreprise, c’était pour les autres. Je ne l'envisageai pas. Dans ma famille personne n’a jamais créé d’entreprise, rien ne me prédisposait à cela. J’avais l’impression que ma vie serait plutôt une évolution dans un poste salarié.

 

Trouver un équilibre entre vie de famille et création d’entreprise
Cet équilibre on le trouve avec le temps. Au début, l’investissement est un peu démesuré, moi j’ai mis énormément d’énergie dans ma création. Heureusement que mon mari a pu prendre le relais et a été d’accord pour le faire. Sinon on peut vite éprouver un sentiment de culpabilité parce qu’on ne s’occupe pas de ses enfants le mercredi ou le week-end, parce qu’on ne va pas forcément les chercher à l’école. Il faut être clair avec ça dès le départ et accepter qu’il y aura des sacrifices.

 

Aménager son temps et partager les tâches avec son conjoint

Le temps passé avec la famille doit être qualitatif. C’est seulement maintenant que j’arrive à être plus disponible et à me dégager des mercredis matins, je ne travaille plus le week-end ou exceptionnellement en fonction des périodes d’activité. Si vous vivez avec quelqu’un, son accord, son support et son accompagnement sont des clés importantes pour passer les moments difficiles. Lui, pourra vous soutenir, vous remonter le moral et prendre le relais au niveau des enfants si vous en avez.

 

Trouver des locaux pour séparer lieu de travail et domicile
Pendant presque 5 ans, les locaux étaient dans ma maison. Au début, le choix avait été fait de ne pas dépenser de loyer pour pouvoir développer des produits, des projets, etc. Et quand j’ai pu me le permettre, j’ai eu envie de séparer le cadre familial du boulot. Ce n’est pas évident de tout mettre sous le même toit. Ca m’a fait du bien de séparer physiquement les choses. Le choix était de trouver un atelier qui soit proche de la maison et de l’école des enfants. Moi je n’ai pas
besoin d’être particulièrement exposée, je ne vends pas en direct de mon atelier, je pourrais être encore plus dans la campagne, ce ne serait pas un souci !

 

Le management au sein de l’entreprise
J’ai débuté seule. Ensuite une personne est arrivée, une seconde, après on commence à avoir des vendeuses qui sont à Lyon, à Nancy, à Rennes, donc on entre dans du management à distance. Je n’avais pas spécialement de compétences RH. J’ai essayé de travailler cet aspect dans le bon sens. Il y a des cadres à poser, on ne gère pas une équipe de 9 comme une équipe de 2. Au plus l’équipe s’agrandit, au plus il faut savoir maitriser certaines règles. En même temps c’est épanouissant et ça fait réfléchir sur soi que de gérer une équipe. On rentre vraiment dans son rôle de cheffe d’entreprise.

 

Etre prise au sérieux par l’entourage
Au début, lorsqu’on me demandait ce que je faisais, je répondais que je faisais des bijoux. Quelque fois, mes interlocuteurs avaient un petit sourire aux lèvres, ils pensaient « elle s’amuse elle fait ses petits bijoux dans son coin ». J’ai eu le sentiment qu’il a fallu très vite que je détaille ce que je faisais, que j’explique mon projet, que je parle de mon équipe. C’est à ce moment là seulement qu’on m’écoutait et me prenait au sérieux.

 

Savoir dépasser les idées reçues et avancer
J’ai eu une rencontre assez étonnante avec un banquier l’année dernière. Je lui ai expliqué mon parcours, mon projet, mes besoins en matière de financement. Il m’a alors évoqué l’idée de transférer une partie de ma production en Asie. Je lui ai répondu que non, que ce n’était ni mon souhait, ni mon métier, que je voulais faire travailler des entreprises françaises. Et là, il m’a rétorqué : « oui, vous êtes une créatrice. » Je lui apportais pourtant des chiffres, des tableaux à l’appui. Je me suis alors rendue compte qu’il existait des préjugés tenaces sur lesquels il fallait savoir prendre du recul. On peut avoir envie de s’énerver, or l’essentiel c’est d’être convaincue qu’on avance dans la bonne direction.

 

Les bons moments d’une créatrice d’entreprise
L’un de mes plus beaux souvenirs concernant ma création, c’est lorsque j’ai commencé à travailler avec les magasins Printemps. Je suis allée voir le printemps à Lille pour leur montrer mes créations. C’était à noël. Nous avons eu une première expérience qui s’est plutôt bien passée, nous sommes revenus ponctuellement pour la fête des mères, la Saint-Valentin. Ca a duré trois ans comme cela. Et j’ai eu un RDV avec la centrale à Paris. Je n’étais pas sûre de ce qu’ils voulaient, j’avais donc fait des tas de tableaux ! Je suis arrivée avec mes chiffres et mes bijoux et on m’a demandé directement : « qu’est-ce que vous voulez comme magasins printemps ? » J’étais presque déçue que cela se passe si simplement ! Et même temps, ce fut un grand bonheur parce que c’est ce qui nous a permis de passer une étape dans l’entreprise.

 

Les moments difficiles d’une créatrice d’entreprise
Sur la dimension du management, ça vaut quand même le coup d’être accompagnée et de pouvoir partager des expériences. Me concernant, ça s’est mal passé avec une salariée. Ca a été un échec pour moi de ne pas avoir réussi à faire passer les messages. Je me suis remise en question sur des points clés et j’ai avancé. Les moments difficiles nous font comprendre des choses. Il est important de pouvoir se poser pour essayer de comprendre quand tout n’a pas fonctionné comme prévu.

 

Les points forts pour lancer et développer une entreprise

Les points forts, c’est la passion, le travail, le bon sens. Il faut être malin et être organisé. L’organisation, c’est une clé pour arriver à tout conjuguer. Je ne le suis pas forcément à la base, mais mon entreprise, c’est aussi ce qui m’a permis de grandir professionnellement. J’aurais pu le faire en tant que salariée dans une entreprise mais pour moi ça a été la création de FlowersforZoé. Il faut également toujours être en veille pour capter les informations qui peuvent servir. Une entreprise est en constante réflexion et en constante réorganisation. Il faut s’adapter à de nouvelles règles, de nouveaux process.

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Un conseil : savoir rompre l’isolement

Je vous conseillerais de ne pas faire comme moi, il faut se mettre dans un réseau tout de suite Vraiment, c’est un réel support que ce soit avec le marrainage, avec Initiatives Plurielles d’un point de vue plus global ou dans d’autres réseaux. Le partage, l’écoute, l’échange d’informations, ça a beaucoup de valeur et on a tendance à le sous-estimer. Ca permet aussi de ne pas s’enfermer dans ses peurs au démarrage. Il faut s’ouvrir.

 

Garder confiance en soi et se faire accompagner pour franchir le pas

A partir du moment où on est convaincu qu’on a projet cohérent et qu’il a été plus ou moins validé au niveau financier, il faut y aller. Il faut rencontrer des structures pouvant vous accompagner. La création, c’est aussi un super moyen de pouvoir créer son emploi. Il faut foncer si vous avez l’énergie nécessaire. Ne surtout pas se dire que ce n’est pas fait pour vous. Il n’y a pas de critères excluant. Ca convient à beaucoup de personnes ! Il faut juste être prêt à travailler beaucoup au début.

 

Gagner du temps en développant des outils de travail
Il faut réfléchir à tous les outils de travail qui peuvent nous faire gagner du temps. Moi, je me sers de pleins de tableaux Excel. Je ne savais pas forcément très bien le faire mais on m’a aidé et maintenant ça va vite.

 

La rencontre avec Initiatives Plurielles
Fatiha est venue vers moi pour m’exposer le projet d’Initiatives Plurielles et pour me demander si je souhaitais être marraine. Ca tombait bien parce que c’était une envie de ma part de faire partie d’un réseau. A force d’être le nez dans le guidon, je me disais qu’il était essentiel d’aller passer du temps ailleurs. J’ai trouvé la dimension féminine très intéressante parce que c’est autre chose de créer sa boite quand on est femme et quand on est homme. Je voulais apporter une écoute, un recul de part mes années d’expérience. C’est ce qui m’a aidé dans le soutien de mon conjoint au démarrage de mon activité.

 

Les apports du marrainage
Le marrainage, c’est d’abord et avant tout un partage, une rencontre. Je peux apporter des ouvertures, un réseau et on m’apporte des idées, de l’écoute, c’est un échange dans un cadre qui est agréable. Moi je suis jumelée avec une filleule qui prend beaucoup de chemins, qui teste beaucoup de choses et c’est très enrichissant. Nous avons envie de partager un petit bout de chemin ensemble professionnellement parlant.

 

 

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1iDeux ans. Après la première embauche c’est allé vite. Il y en a eu une deuxième, une troisième. Et lorsque nous sommes entrés dans les Printemps : cinq d’un coup ! Au tout début il n’y avait pas forcément de besoin et je n’avais pas prévu d’embaucher. J’ai juste adapté par rapport à la demande. Il faut savoir s’y préparer.

 

 

 

2i

 

 

 

 

 


Ici, régulièrement on recherche des personnes pour le montage des bijoux. Nous avons également embauché sur l’aspect commercial : administration des ventes, etc. Ce qui m’intéresse, quand je cherche quelqu’un, c’est une personnalité, une capacité de travail, de la rigueur, de la maturité. Je regarde un peu le parcours, les diplômes, mais ce n’est pas quelque chose qui va être déterminant. Ca dépend du genre de poste. Et ici, nous formons beaucoup les salariées.

 

 

3iJ’ai beaucoup appris sur le tas. La compta c’est un métier. Dès le départ, j’ai souhaité mettre de l’argent dans cet aspect là pour le déléguer à quelqu’un d’autre. Ce n’est pas mon métier et ça prend beaucoup de temps. Bien sûr, je suis obligée d’en faire une partie. En termes de formation, je commence à me renseigner pour en trouver sur le management, etc. Pour l’instant je sollicite des personnes qui travaillent en RH sur des cas très pratiques mais j’ai besoin d’en apprendre plus.

 

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Chef d’entreprise, c’est un grand mot aussi. On a une palette de missions à gérer. Il y a des choses qu’on ne sait pas faire alors on apprend. On commence à mieux maitriser mais comme on veut aller toujours plus loin, il y a de nouvelles choses qui s’ajoutent. On ne connaît pas, on a peur, il faut comprendre, apprendre. A certains moments c’est dur, à d’autres c’est juste du quotidien. L’intérêt c’est qu’on est dans la nouveauté, dans l’apprentissage de façon assez régulière.

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5iOn va continuer à se développer dans les Printemps en France. Ca se prépare. Ensuite, on veut poursuivre le développement du site internet et des partenariats avec d’autres sites parce que c’est devenu un moyen incontournable d’acheter. De ce fait, j’ai dû apprendre à faire de la photo pour mettre en valeur mes bijoux ! L’année prochaine, ce sera l’ouverture sur l’étranger. Je suis convaincue que la marque pourrait bien fonctionner dans certains pays à l’étranger.

 

 

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J’ai l’impression que ça fait partie de mon caractère depuis toujours. Ce n’est pas toujours très reposant donc j’ai besoin d’aller faire du sport, de me défouler ! Ca peut être parfois angoissant mais au bout d’un certain temps on arrive à se calmer. Et quand on a des enfants, ce sont des garde-fous. On se souvient toujours que les plus belles choses ce sont eux. Donc il y a effectivement des moments pas confortables qui font peur, mais finalement ça passe et ça renforce notre confiance en nous. C’est intense comme métier.

 

 

7iMême si j’aurais aimé être plus dans le créneau artistique pendant mes études, je suis assez contente d’être passée par une formation commerciale parce que ça m’a aidé dès le début à comprendre des points clés, à mettre en place des outils. Je vois dans mon environnement des créateurs qui ont un parcours purement artistique et le côté commercial, c’est souvent ce qui pêche justement. Dans ce cas, il est important de pouvoir suivre des formations.

 

 

8i

 

 

 

 

 

 Non. Parce que je me suis rendue compte que j’aimais autant m’occuper de la gestion de l’entreprise que de la création, et j’ai vraiment besoin des deux. J’aime autant être en mode créa que réfléchir aux chiffres, à l’organisation. Ce qui pourrait arriver dans l’avenir c’est que je travaille avec des associés : designer ou autre. Je ne suis pas prête pour l’instant mais c’est une possibilité et j’espère que ça se fera parce que ce sera encore de l’échange, quelque chose de nouveau, d’extérieur, et ça ne peut qu’être intéressant !

 

 

9iPas assez bien à mon gout mais en même temps je capitalise. C’est aussi un choix mais il ne faut pas se leurrer : un chef d’entreprise ne gagne pas forcément plus qu’un salarié mais au moins je construis un outil qui pourra un jour être vendu même si ce n’est pas mon souhait pour le moment. J’ai un salaire, si on a fait une belle année, je pourrai prendre des dividendes, mais j’ai toujours tendance à tout réinvestir dans l’entreprise. C’est mon choix mais j’aurais pu faire différemment.

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