titre-compte-rendunektarine

CO_MA_NEKTARINE

Carine Ollive et Marie Anwar, créatrices et gérantes de Nektarine, ouvrent les portes de leur agence de communication pour échanger avec le public sur les différentes facettes de leur expérience… Près de trente femmes assistent à la visite. Carine et Marie ne sont pas marraines d’Initiatives Plurielles contrairement aux autres entrepreneures ayant participé à cette action. Elles ont en autre été accompagnées par l’association et sont actuellement hébergées par les Ruches d’entreprise du Nord. Cette visite est le fruit d’un partenariat entre Initiatives Plurielles et Nord Pionnières, le réseau des Ruches du Nord.

L’entreprise aujourd’hui

Nektarine c’est une agence de communication que nous avons crée il y a deux ans. Nous proposons une large gamme de services : ca va des conseils en stratégie de communication aux relations presse événementiel. Sur un pôle plus technique, tout ce qui est création graphique, identité visuelle, print, web, production de contenus texte, vidéo, photo.

Le concept, les valeurs

On s’est basé sur des valeurs qui nous nous paraissent importantes. Nous avons crée sous le statut de SCOP (société coopérative et participative). Le concept est simple : quand on est salarié dans l’entreprise, on partage tout. On partage les décisions, on est coresponsable de l’entreprise, codécideur. Au final, on partage le pouvoir, le savoir et l’avoir. Chacun est investi dans l’entreprise. Au vu de ce statut, nous avons choisi de travailler les valeurs de l’Economie Sociale et Solidaire : développement durable, respect de l’environnement. On travaille avec beaucoup de prestataires qui favorisent l’insertion professionnelle ou le handicap. Ce sont des valeurs qui sont importantes dans nos manières de travailler mais aussi dans les sujets qu’on va traiter.

La clientèle de Nektarine

Nos cibles sont composées de petits créateurs d’entreprise – nous les connaissons bien pour en faire partie ! – des PME, des associations, des collectivités locales. Soit elles sont directement concernées par l’Economie Sociale et Solidaire ou alors elles ont l’envie de s’orienter dans cette direction et de communiquer sur cet axe là. Nous ne travaillons que les thèmes qui nous intéressent.

La naissance du projet

Le projet est né d’une rencontre. Nous nous sommes rencontrées pendant nos études sachant que nous n’avions pas le même parcours. C’est ce qui a été intéressant, nous étions très complémentaires. Toutes les deux, nous avions très envie de créer depuis longtemps. Mais entre avoir envie et sauter le pas, il y a beaucoup de temps qui se passe ! C’était pour nous un défi, mais nous ne voulions pas le relever seule. Quand nous avons crée, nous étions jeunes. Nous avions déjà travaillé deux, trois ans dans une entreprise. C’était pour nous le bon moment. On avait acquis un peu d’expérience et on n’avait pas encore d’enfants.

Se lancer dans la création avec un concept original

Nous avons travaillé avec la BGE sur l’étude de marché, c’est la première étape vers la création d’entreprise. Nous étions parties sur nos compétences et sur la valeur développement durable très importante pour nous, et on nous a vite mis en garde en nous disant qu’il fallait aller encore plus loin dans la spécification. Nous avons accentué notre positionnement en nous tournant vers d’Economie Sociale et Solidaire. C’est un positionnement que nous nous sommes les seuls à adopter sur la Région et sur la métropole lilloise. C’est un plus au niveau commercial.

De l’importance de l’accompagnement et des réseaux

Les personnes qui nous ont accompagnées ont été multiples : CLAP, BGE, URSCOP, les Cigales, les Ruches, Initiatives Plurielles, Nord Pionnières, l’APES, Lions Clubs. Ca a été primordial pour nous. Nous avons été accompagnées avant la création, nous avons été accompagnées après. Et ce réseau là nous rassure au quotidien parce que nous y rencontrons d’autres personnes d’expérience qui nous donnent des conseils, qui nous aident et qui nous apportent du business tout simplement. Pour commencer, c’est important. Quand on crée, il faut bien s’entourer.

Les différentes missions des deux entrepreneures

Marie – Moi je m’occupe de tout ce qui est compta et administratif. Ce n’est pas évident parce que je n’avais pas de formation approfondie dans le domaine. Les réseaux nous ont beaucoup aidés sur ce plan là. Le reste du temps est consacré à la production, je m’occupe notamment de tout ce qui est graphisme et web. Carine s’occupe de tout ce qui est commercial, c’est elle qui démarche, qui va aux RDV client, elle est chef de projet, elle fait aussi tout ce qui est production : événementiel, conseil stratégie, relations presse… et elle s’occupe des ressources humaines.

La polyvalence de l’entrepreneure

Il faut être polyvalent et s’adapter. Ce n’est pas toujours évident parce que nous sommes formées en principe pour un métier bien particulier et quand on crée son entreprise, du jour au lendemain, on doit tout faire ! Il faut pouvoir assurer dans ses compétences de base et derrière se développer et aller vers un autre métier. Nous on a clairement découvert celui de cheffe d’entreprise, on l’apprend tous les jours et c’est une super expérience. Nous avons des tas de casquettes et nous en changeons tout le temps. C’est ce qui nous plait parce que c’est très diversifié, on rencontre pleins d’acteurs différents, on apprend beaucoup de choses. Il faut être réactif si on veut que l’entreprise marche.

Bien concilier vie privée et vie professionnelle

Le fait de s’entourer de personnes qui vous accompagne dans la création permet de garder du temps pour sa vie privée. Pour nous ça a été important d’être soutenues par nos conjoints, nos parents, parce nous avons crée à 23, 25 ans, on ne savait pas tellement où on allait. La création d’entreprise, c’est beaucoup d’organisation. Il faut savoir s’accorder des temps pour la vie privée, pour la vie professionnelle, savoir bien séparer les choses. Quand on la chance de pouvoir travailler à la maison – ce qui est notre cas - c’est un plus.

Le télétravail pour une meilleure organisation

Ce qui nous aide beaucoup au quotidien c’est qu’on a la chance d’exercer un métier que l’on peut faire de n’importe où. On utilise le mail et nous avons un réseau qui est disponible de chez nous. Tant que nous avons un ordinateur et une connexion internet, on peut travailler. C’est ce qui nous permet aussi de ne pas terminer de travail à 22h le soir, de disposer de nos week-end, de ne pas avoir des emplois du temps qui explosent.

Les moments forts de la création d’entreprise

Quand on crée, il y a des moments clés tous les jours, qu’ils soient positifs ou négatifs ! Nous, nous avons travaillé pendant un an sur notre projet avant de nous lancer. Au début, nous n’en parlions qu’entre nous, après nous sommes allées voir des réseaux, nous en avons parlé à des professionnels. Le moment qui a été le plus fort était celui où nous l’avons annoncé à notre entourage. Ils ne s’y attendaient pas du tout ! Nous avons également dû dire à nos patrons que nous partions pour créer notre propre boite et ils nous ont encouragés et aidés.

Les moments plus difficiles de la création d’entreprise

Ce qu’on a trouvé le plus difficile c’est la partie administrative en amont de la création. C’était un chemin qui n’en finissait plus ! Nous avons eu la chance, grâce aux réseaux qui nous ont accompagnés, d’avoir déjà des clients pour lesquels nous travaillions. Grace à la ruche, nous disposions de locaux même si nous n’avions pas encore nos statuts. Mais malgré tout nous ne pouvions pas facturer. Il faut prévoir du temps quand on crée. Nous étions prêtes à créer et nous avons pris du retard à cause de soucis administratifs.

Une journée type…

Carine – Chacune gère sa partie du boulot. On bosse aussi en horaires décalées. Marie est plus du matin, je suis plus du soir. De ce fait, l’agence est ouverte de 8h à 19/20h et ça nous permet d’avoir un large panel de temps.

Marie - En termes de production, on sait maintenant combien de temps on va mettre pour faire telle ou telle chose. Donc c’est facile de s’organiser. Moi j’aime bien changer souvent de sujet de travail. J’aime bouger et en ayant créé notre entreprise, nous avons la possibilité de le faire !

les-echanges-avec-un-public

SL381649

nek-1

C’est une longue recherche. Nous avions de super idées mais la plupart étaient déjà prises. Nous avons dû faire un brainstorming qui a fini très tard et on s’est arrêté sur Nektarine. Ca a un côté très féminin. C’est un fruit donc il y a ce côté nature. On a préféré utiliser un K plutôt qu’un C pour la simple et bonne raison qu’en faisant quelques petites recherches on s’est aperçu qu’à l’origine, le mot grec Nektar s’écrit avec un K et signifie l’essentiel. On s’est dit que le sens était très intéressant compte tenu de nos valeurs.

nek-2

Marie - J’ai fait un BTS photo, après j’ai bossé en tant que photographe pendant un an. Ensuite j’ai repris une année en alternance pour faire du graphisme et du web. J’étais dans une entreprise à Roubaix où j’étais au centre du pôle graphique. J’ai été embauchée dans cette entreprise donc j’y suis restée au total deux ans et demi. J’ai rencontré Carine pendant cette année d’alternance et nous avons crée après.

Carine – J’ai fait un DUT infocomm sur Grenoble puis un Master Communication et projet marketing sur Lille en alternance pendant deux ans à la direction régionale de France Télécom Orange à Villeneuve d’Ascq. Ensuite j’ai travaillé deux ans en agence de communication et j’ai démissionné pour créer l’entreprise avec Marie.

nek-3 Comme nous vendons de la prestation de services, nous n’avons pas besoin de beaucoup de matériel. Nous avons tout de même dû faire un prêt bancaire. Pour l’obtenir nous n’avons eu aucun souci, toutes les banques nous ont acceptées à bras ouverts. Le point fort, quand on s’adresse à une banque, c’est d’avoir déjà 2, 3 clients potentiels qui seraient prêts à nous suivre ou des partenaires. C’est aussi pour cela que l’accompagnement est important.

nek-4

Marie - Nous avons toutes les deux des caractères forts donc beaucoup ont pu se dire « ça risque de clacher » mais en fait pas du tout, parce qu’on se dit les choses. On communique beaucoup. On n’a jamais eu de gros clash.

Carine – Dans le privée, on n’est jamais d’accord mais en termes de métier moi je connaissais l’expérience de Marie et c’était réciproque. On a chacune nos domaines de compétences, on a réussi à se partager les tâches et on discute beaucoup.

Marie – Il faut vraiment faire confiance à l’autre concernant les missions qu’on lui a confiées.

nek-5

Nous n’en avons pas encore. Mais c’est tout à fait possible puisque dans la Ruche, il y a des femmes créatrices qui ont des enfants (…) On a décidé de créer avant d’avoir nos enfants, mais on est en projection parce qu’on sait que dans les années à venir on voudra en avoir. On prépare le terrain. On a revu notre copie concernant notre organisation et depuis plus d’un an, on préserve la majeure partie de nos soirées, en tout cas après 19h, et nos week-ends, ce qui nous laisse de l’espoir pour notre future conciliation avec notre vie familiale quand nous aurons des enfants.

nek-6

On échange régulièrement notamment dans le cadre de Nord Pionnières puisque nous sommes toutes membres de ce réseau là. On a vraiment des profils très différents. Déjà on est la ruche d’entreprises qui a le plus de femmes, si je ne me trompe pas. Nous étions les deuxièmes à rentrer et maintenant il y a 7 femmes au total. En deux ans, c’est pas mal. Il y a tout âge, tout profil, tout corps de métier, c’est très intéressant ! Il y a des femmes qui ont des enfants, dont certains sont déjà grands. De ce fait, on peut se projeter à différents niveaux.

nek-7

Nous avons étudié les concurrents au niveau régional puisque notre cible s’étend principalement sur le Nord Pas-de-Calais. Nous nous sommes rendues compte qu’il y avait peu d’agences qui faisaient l’ensemble des compétences que nous proposions. Beaucoup d’entre elles sont spécialisées, elles ne font que des relations presse ou que du graphisme ou que du site internet… On touche une autre gamme de client qui souhaite avoir un seul interlocuteur pour toutes ces dimensions.

nek-8

Carine - Dans la mise en œuvre de l’évènement en lui-même, on met tout en place pour respecter un bilan carbone moindre. Après, nous voulons transmettre des valeurs importantes, pour ce faire nous allons utiliser certaines couleurs par exemple. Nous sommes spécialistes dans le domaine. Nous pouvons tout mettre en œuvre pour convaincre sur ces valeurs là.

Marie – Au niveau des impressions et des éco labels, on parle beaucoup de papier recyclé et d’encres naturelles mais derrière il y a autre chose. Par exemple, nous travaillons avec un imprimeur qui embauche des personnes en réinsertion professionnelle ou en situation d’handicap. C’est aussi ça l’ESS.

nek-16

Notre axe numéro un de démarchage ça reste notre réseau. A l’heure d’aujourd’hui, au bout de 2 ans, 90% de nos contrats ont été amenés par le bouche à oreille. C’est le réseau de nos accompagnateurs qui a diffusé nos plaquettes. Le deuxième axe ce sont les relations presse qu’on a faites de manière très forte au moment de la création d’entreprise. Le troisième axe, c’est du pur démarchage. Nous avons pris un alternant pendant un an l’année dernière qui nous a fait un peu de phoning, qui est allé en direct dans les banques, les entreprises qui étaient sur nos valeurs. Nous avons eu des bons retours également. On y va doucement pour respecter le rythme de production que nous pouvons tenir puisque nous ne sommes que deux pour l’instant.

On n’est pas fermé, mais on commencera à viser cette part de marché là quand on aura ce qu’il nous faut dans le NPDC. On a encore plein de clients à démarcher dans la région ! Et c’est intéressant de faire jouer la localité, c’est en cohérence avec nos valeurs et notre manière de travailler. On a quand même commencé à travailler avec la Belgique. On a deux clients sur Paris mais il s’agit de deux têtes de notre réseau. On restera en priorité sur la métropole et sur le NPDC. L’ESS est très développée sur le territoire.

Ca nous est arrivé il y a une semaine pour la première fois ! Quand nous avons présenté notre dossier pour le lancement de Nektarine, les commissions devant lesquelles on est passé nous ont presque toutes demandé : « ok, vous faites du développement durable, mais si Total frappe à votre porte, vous les prenez ou pas ? Parce que ça doit être un budget intéressant ! » On a toujours répondu non parce qu’ils ne sont pas dans une démarche développement durable. Et on a été contacté il y a 15 jours par Total qui voulait qu’on leur fasse une campagne de pub sur le fuel et c’est avec un grand plaisir qu’on a pu refuser. C’était une petite victoire !

Le travail au niveau de notre gamme de prix a été fait en amont, et on le fait évoluer aussi en fonction des prix des concurrents. Dans notre étude de marché on a étudié ce que faisait la concurrence au niveau national, et on a choisi une gamme de prix moyenne base. On a vu notre niveau de rentabilité et on s’est rendu compte du fait qu’il y avait des choses qu’on pouvait faire vite et bien. Ca a été notre stratégie de départ. Mais on s’adapte, on fait du cas par cas parce que tous les travaux sont différents. On prend surtout en compte le temps qu’on va y passer et le but c’est juste d’être rentable, pas d’exploser les prix. Pour l’instant ça marche bien comme ça. Nos clients n’ont pas toujours des gros moyens.

nek-12

Depuis deux ans, on doit être à approximativement 210 clients. Certains sont fidèles et réguliers. On a un client, c’est un fleuriste bio, il nous a demandé de faire son site, sa carte, tout, il a été très content. On ne pensait pas le revoir mais en fait si, parce que quand il développe de nouveaux services, il a besoin d ‘actualiser sa com et il fait appel à nous. Tous les 3, 4 mois on a un coup de fil pour un nouveau projet, pour des nouveaux supports à faire !

nek-13

C’est un sujet d’actualité ! Effectivement, on reste 4 ans en Ruche en principe. Nous sommes à 1,5 an du départ. La ruche c’est un tremplin : nous sommes accompagnées et nous bénéficions de loyers modérées. Donc nous commençons à travailler à notre sortie. Ca se prépare, il faut s’y prendre à l’avance. Ca fait un peu peur parce qu’ici, nous sommes dans une famille, c’est un confort lorsque l’on crée, qu’on conseille d’ailleurs à tout le monde !

nek-14

Oui, c’est très clair. Pour être vraiment concrètes, nous pensons éventuellement acheter nos propres locaux pour être vraiment indépendantes mais c’est une décision particulière parce que ça signifie également que nous serons seules. Donc nous ne sommes pas encore sûres de nous. Il existe aussi des hôtels d’entreprises mais nous nous sommes renseignées sur le sujet et ce n’est pas la même mentalité qu’en Ruche. Il n’y a pas les mêmes échanges entre les entrepreneures.

nek-15

Notre début d’activité était en septembre 2010. On a pu se payer à partir de janvier 2011. Beaucoup de créateurs n’y arrivent pas mais pour nous c’était un impératif du fait qu’on soit une SCOP. On est reconnu en tant que tel à partir du moment où il y a des salariés. Aujourd’hui on y arrive encore ce qui est une fierté. On gagne assez pour vivre correctement puisque dans nos vies privées, nous avons réussi à acheter une maison dernièrement. Ce qui signifie que les banques nous ont fait confiance et ont fait confiance à Nektarine.

Visite chez Nektarine

Partager cet article