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Compte rendu des visites et échanges
11 février 2013

Visite chez nikita...

 

titre-compte-rendu-nikita

 

Valérie-Doussinault

 

Valérie Doussinault, créatrice et co-gérante de Nikita, ouvre les portes de son agence de communication pour échanger avec le public sur les différentes facettes de son expérience d’entrepreneure… Une trentaine de femmes assistent à la visite.

 

 

La vidéo


le parcours de valerie doussinault, creatrice de nikita

A la sortie des études, le choix de son futur métier

J’avais 26 ans quand j’ai crée. J’ai fait une école de commerce. Sortant d’école, à l’époque, on avait beaucoup de choix, j’ai choisi le marketing. J’ai intégré une société que j’ai quitté au bout de 6 mois. Après cette 1ère expérience, j’au su que je ne voulais pas faire du marketing, par contre j’avais beaucoup apprécié les relations que j’avais avec l’agence de communication avec laquelle on travaillait. J’ai eu une révélation : Je savais que c’était le métier dans lequel je m’épanouirais. C’était énorme.

 

L’émergence de la volonté de créer

et la naissance de l’idée

C’est à cette époque que je suis arrivée à Lille, j’ai démarché toutes les agences de com de la région et j’en ai trouvé une qui a bien voulu m’embaucher. J’y ai travaillé 3 ans, j’étais chef de pub. Très vite, je me suis rendue compte que j’adorais ce métier mais que ça ne correspondait pas tout à fait à ce que j’étais. J’avais dans mon équipe un directeur artistique. Nous avons discuté un soir et nous nous sommes rendu compte que nous avions la même vision de la com et de ce qu’on voulait en faire. On a saisi une opportunité pour partir. On a étudié le projet, on travaillait le jour à l’agence et ensuite sur le projet. Il a pris forme assez rapidement.

 

Prendre la décision de se lancer

dans l’aventure de la création

Travailler le projet c’est tantôt fatiguant, plaisant, décourageant, passionnant, vous passez par toutes les phases émotionnelles possibles. Ce qui est le plus compliqué c’est ce moment durant lequel vous vous demandez : « j’y vais ou pas ? » Je trouve que c’est la décision la plus difficile de tout mon parcours professionnel ! Lorsque nous nous sommes lancés, nous avons dû remettre notre démission. Nous avons quitté cette belle maison dans laquelle nous faisions un beau parcours. L’entreprise nous a proposé de travailler en sous-traitance pour elle et nous avons répondu que non, notre intention était d’être leur concurrent. Et nous étions seulement deux. Et nous n’avions pas encore de clients !

 

Savoir saisir l’opportunité quand elle se présente

Je crois que quand vous la portez en vous, à un moment il faut saisir l’opportunité d’oser se lancer parce que le train ne passe pas 15 fois non plus. Vous êtes parfois capable de choses que vous ne soupçonnez pas. Et il faut avoir de l’ambition pour sa création d’entreprise. En démarrant, on avait beaucoup de doutes, mais on se disait qu’on avait notre étoile et qu’on savait ce qu’on allait faire. C’est important de connaître son objectif.

 

L’identité de l’entreprise

Pourquoi le nom Nikita ? On l’a crée l’année du film mais il n’avait pas encore eu le succès qu’on lui connaît. On voulait que le nom soit un prénom qui puisse personnaliser la structure. On estimait que la communication, ça ne devait pas être éloigné du client mais plutôt proche. On recherchait un rapport affectif mais en même temps volontaire avec le client. Dans la création d’entreprise, ce nom nous a porté énormément chance. Lorsque j’appelais des clients potentiels en me présentant, il y avait une sensation positive et les gens avaient l’impression de nous connaître. Ils mémorisaient notre nom.

 

Savoir s’adapter

En 22 ans, le milieu de la communication a complètement changé. Quand nous avons commencé, l’informatique commençait à peine à se développer. Aujourd’hui nous avons intégré des gens qui font du web, etc. Il y a un une véritable mutation entre 1991 et aujourd’hui. Quant on est chef d’entreprise, il faut pouvoir les anticiper. Pour cela il faut de l’intuition, et nous les femmes, nous sommes plutôt bien dotées en la matière !

 

Les qualités d’une cheffe d’entreprise

Ce qu’on apprend dans le métier de chef d’entreprise c’est de décider très vite et de la façon la plus éclairée possible. Quand on est chef d’entreprise, on a les fenêtres ouvertes, les portes ouvertes, on voit des gens, on voyage, on écoute énormément et on fait marcher les petites antennes. Si je devais faire un constat sur ces 22ans à la direction générale, c’est d’âtre capable d’anticiper les changements. Ils viennent de l’extérieur, il faut les capter, les digérer pour décider et tout faire pour y arriver.

 

De l’importance d’être accompagnée

Ce qui est important c’est d’être accompagné. On peut connaître son métier, savoir dans quoi se lancer mais il reste plein de domaines qu’on ne maitrise pas forcément : la compta, la finance, le juridique, les statuts, etc. Initiatives Plurielles n’existait pas à l’époque sinon j’y serai allée sans hésiter! Le réseau c’est ce qu’il y a de mieux. Initiatives Plurielles, c’est un endroit unique avec une vraie personnalité. Il se dit des choses sincères, bienveillantes, le mot accompagnement prend tout son sens et c’est vraiment louable. Il ne faut pas hésiter à faire appel à ce type de structure.

 

Le « carburant » de l’entrepreneur -

Etre entourée de personnes bienveillantes

L’effet miroir est essentiel dans la création d’entreprise. Vous êtes vous-même concentré sur votre projet, vous ne voyez pas tout, et le fait d’avoir des gens en face de vous qui jouent le rôle de miroir à facettes, ça fait du bien. Dans ces moments là, lorsqu’on crée, il faut éviter de côtoyer des gens négatifs qui vont vous dire que vous êtes folle de quitter un emploi salarié pour créer votre boîte. Je pense qu’il y a des paroles qui peuvent empêcher la création. Lorsqu’on veut se lancer, on est bourré de doutes donc ce n’est pas très compliqué d’activer l’un ou l’autre.

Lorsque j’ai crée, toutes les personnes que je rencontrais et qui me disais quelque chose de positif, c’était de l’or pour moi. C’est du carburant, c’est ce qui fait que vous allez supporter les obstacles. si vous n’allez pas vous ressourcer auprès d’un réseau qu’il soit familial, professionnel, amical, vous ne tiendrez pas la route. Ca fait partie de l’agenda d’un chef d’entreprise.

 

Se connaître et savoir ce dont on a besoin

Sur la création d’entreprise, c’est important de bien se connaître et de savoir ce dont vous avez besoin. Par exemple, moi je savais bien que je ne pouvais pas créer en travaillant chez moi. Je sentais que ce n’était pas possible. On s’est donc donné les moyens de louer un petit deux pièces. C’était essentiel pour moi d’avoir une coupure entre les deux. J’avais besoin d’un lieu à part pour me ressourcer et c’était chez moi.

 

La journée type d’une cheffe d’entreprise

Je n’en ai pas ! J’emmène ma fille à l’école, je rentre à peu près vers 20h. Entre deux il se passe pleins de choses : relations client, management, brief, réunions administratives. Donc il n’y a pas vraiment de journée type, ce qui est souvent le cas dans le milieu de la communication. C’est aussi ce qui fait l’intérêt : vous êtes multi sujet, multi client, multi tâches. C’est l’intérêt mais c’est aussi la difficulté. En 22 ans, ça peut être parfois fatiguant de renouveler la connaissance d’un client. Il y a un travail intellectuel qu’il faut entretenir : je lis beaucoup, je vais beaucoup à des conférences, il faut savoir se ressourcer quand on fait ce métier là.

 

Femme cheffe d’entreprise et maman, c’est possible !

On peut avoir des enfants en étant cheffe d’entreprise. J’ai été trois fois enceinte, et j’ai eu trois fois la problématique de savoir comment j’allais être remplacée pendant ce temps là. Ce qui est bien c’est qu’on a plusieurs mois pour s’y préparer et ça se gère très bien. On peut avoir des enfants, ce n’est pas un souci, c’est tout à fait conciliable. On peut penser que c’est un blocage mais je suis là pour témoigner que ce n’est pas forcément le cas. Nous sommes plutôt de bonnes organisatrices, nous savons gérer la logistique et des solutions, ne vous inquiétez pas, on en trouve toujours. Mes enfants ont plus de souvenirs positifs que négatifs.

 

La conciliation des temps et la création d’entreprise

La problématique de la conciliation des temps pour la femme, on la retrouve aussi quand on est salarié. C’est même pire puisqu’on n’a pas la maîtrise de son temps. Quand on me propose une réunion, je peux refuser. Mais quand une femme est au sein d’une structure qui fixe des réunions à 18h30, qui ne prend pas en considération ces aspects là, c’est encore plus dur à vivre. Moi, j’ai moins la liberté de dire de temps en temps : là j’arrête !

 

Bien séparer sa vie professionnelle et sa vie familiale

Mon mode de vie qui consistait à séparer le domicile du lieu de travail m’a bien aidé dans la gestion de ces deux vies privée et professionnelle puisque quand j’arrive à la maison, je pose mes sacs, et je me consacre 100% à ma vie de maman. Quand j’étais seule et sans enfants, il m’arrivait de travailler les week-ends mais lorsque j’ai eu des enfants, j’ai dit : c’est fini ! Quand vous décidez des choses comme ça, vous trouvez des solutions pour vous y tenir. Vous allez travailler plus vite et être plus efficace.

 

Dépasser la culpabilité de la femme qui travaille

Pour être sincère, la période la plus difficile, c’était lorsque les enfants étaient petits. Vous avez « des bouffées » de culpabilité qui sont parfois incontrôlables. Le seul remède que j’ai trouvé, c’est la parole des femmes. Ce qui m’a le plus réconforté dans ces moments là c’est le témoignage d’autres femmes, elles aussi, cheffes d’entreprise qui me disaient que c’était normal, que ça allait bien se passer. Et c’est tout ce qu’on attend dans ces moments là. Trouver quelqu’un qui vous écoute et vous rassure. C’’est aussi pour cela que j’aime bien la démarche d’Initiatives Plurielles.

 

Une mère épanouie, des enfants qui le sont aussi

Récemment, j’ai posé la question à mes enfants, je leur ai demandé s’ils se souvenaient de mes absences fréquentes quand ils étaient petits. Ils m’ont regardé et m’ont dit « mais non, tu étais là quasiment tous les soirs, c’était rare que tu ne sois pas là. » Ils n’en ont aucun souvenir et en plus ils me disent qu’ils sont très fiers que je sois cheffe d’entreprise. Ma fille m’a dit « je préfère avoir une maman qui travaille parce que je trouve que nous avons des relations très différentes de celle de mes amies qui ont leur maman qui est à la maison. » Les enfants s’adaptent à tout !

 

Quand les dirigeants sont une femme et un homme

C’est une véritable chance d’être à deux mais c’est aussi une grosse difficulté. Et lors des RDV et cocktails, quand on vient à deux, il arrive souvent qu’on nous dise « Ah monsieur, vous êtes venu avec votre femme ? » A l’époque on ne pouvait pas imaginer qu’un homme et une femme s’associent sans être en couple. Ce genre de confusion a eu lieu très souvent ! C’est une image stéréotypée qui vient tout de suite en tête, alors dès fois, on anticipe et on prévient d’avance que ce n’est pas le cas.

 

Les satisfactions d’une cheffe d’entreprise

Les plus grosses satisfactions sur ce parcours de 22 ans c’est d’avoir pu embaucher des gens. La première embauche, c’est un grand moment. La deuxième satisfaction concerne toujours l’humain. On voit beaucoup de monde passer : en CDD, en CDI, en stage, on voit ce qu’ils sont devenus, on a des liens. Trois femmes qui sont passées ici ont crée leur entreprise. Je crois qu’on a su aussi transmettre cette fibre qui consiste à dire : si tu as envie, fais-le ! Il ne faut pas avoir de regrets, c’est une aventure extraordinaire.

 

Se constituer un réseau à partir de rien,

c’est possible !

Je n’ai pas fait mes études à Lille, je n’ai pas de famille à Lille. Je n’avais donc aucun réseau. Je n’avais que le réseau de mon associé et de mon agence. J’ai tout construit. Le réseau s’est constitué par l’intermédiaire des gens que nous avons rencontrés : les fournisseurs, les clients qui nous ont apportés d’autres clients… Aujourd’hui je peux témoigner du fait qu’il est possible de se constituer un carnet d’adresses en partant de rien. Par contre, c’est un vrai travail, il faut y porter une attention toute particulière. C’est parfois compliqué à gérer, il faut aller à des soirées, des inaugurations. Moi j’essaie de gérer ça au mieux, de répartir mes soirées, de faire des choix parce que je ne veux pas être prise tous les soirs.

 

La faible représentation des femmes

dans les réseaux d’affaires

Aujourd’hui, je fais partie de réseaux de chefs d’entreprise, il y a toujours très peu de femmes et moi ça me sidère. J’ai un message pour les femmes ici présentes : lancez-vous ! Je ne comprends pas que dans ces assemblées il y ait encore 80 à 90% d’hommes. Lorsque j’ai crée la boite, parmi les patrons d’agence, j’étais la seule femme et je suis encore la seule femme. Mes homologues sont tous des hommes. Je ne vois pas pourquoi, il n’y a aucune raison pour qu’il en soit ainsi.

 

Avoir des convictions pour aller de l’avant

Ce qui est important c’est de s’engager, d’avoir des convictions, des ambitions fortes, d’avoir un rêve et d’avancer. Et finalement, les étapes se succèdent, vous vous apercevez que dans 99% des cas vous les surmontez parce que vous êtes dans le feu de l’action. Des ressources on en a tous plein, on ne les connaît pas toutes. La création d’entreprise est un bon moyen d’aller chercher des ressources que vous n’exploitez pas encore.

 

Valérie Doussinault donne la parole à Lionel, directeur commercial associé, pour qu’il s’exprime sur le management au féminin.

Qu’est-ce que c’est que d’être managé par une femme ? Moi je peux vous dire ce que c’est que d’être managé par Valérie, je vous laisse le soin de ce qui relève ou non du genre, pour moi il est surtout question de personnalité. Ca passe d’abord par la conviction plutôt que par l’imposition. Ce point est peut-être divergent dans le management des hommes et des femmes. La conviction permet de transformer les équipes. C’est une conviction qui se transmet, qui est partagé et donc la consigne est autogérée. Ca change beaucoup de choses, rien n’est imposé.

 

 

les-echanges-avec-un-public

 

question-1

Ce que je sais c’est que j’avais vraiment besoin de liberté et d’indépendance. Donc je pense que oui mais sûrement pas si jeune. J’aurais attendu après 35 ans, mais je pense que je l’aurais fait. Lorsque j’étais en école de commerce et que je voyais ces grands groupes ça ne m’attirait pas. La moindre occasion aurait fait ressortir cette fibre d’indépendance et de liberté et cette volonté d’être à mon compte.

 

 

question-2

 

 

 

 

On a des modes de fonctionnement différents. Moi, je commence toujours par l’écoute. Par contre, ce que j’apprécie chez l’homme et dans la codirection masculin / féminin, c’est que je pense que l’homme va agir plus vite. Dès fois, il ne va pas s’embêter avec des choses qui nous bloquent, des choses d’ordre émotionnel. Nous nous sommes bien complétés lors des prises de décision. La complémentarité est géniale. C’est une force.

 

 

question-3

Première chose, on a observé, on a regardé ce que les concurrents faisaient, comment ils intégraient le web, etc. On a pris du temps parce qu’on n’avait pas forcément les moyens financiers de se tromper. Et on a dit : on le sent plutôt comme ça ou comme ça, là on a mis en place un plan d’action.

 

 

question-4

 

 

 

 

Il y a des gens qui sont partis de l’agence, soit d’eux même soit parce qu’ils n’avaient pas envie de changer. Ce sont des moments très durs dans une entreprise mais au bout d’un moment c’est une question de survie. Il y a des changements qu’il faut qu’on fasse, on n’a pas le choix. Ce sont des changements difficiles mais ils s’inscrivent dans le temps. Ce qu’il faut c’est avoir un chemin et le suivre.

 

 

question-5

On avait une idée précise. On avait vraiment envie de travailler pour des entreprises ou des marques qui nous faisaient rêver. On voulait faire du conseil en amont, de la stratégie, de la création. On voulait que les clients nous soient fidèles et le nom vient de là d’ailleurs. On a choisi un prénom pour créer une relation humaine forte. Il s’agit de travailler dans la durée avec le client, de l’accompagner – par la communication – dans l’évolution de son entreprise. Dès le départ c’était un choix.

 

 

question-6

 

 

 

Non. Après chaque cas est particulier. Nous, on n’avait pas d’allocations chômage, j’avais juste mes petites économies que j’avais faites en 4 ans de salariat. On avait mis l’équivalent de 5000 francs pour la constitution d’une SARL et on avait acheté ce fameux mac. On avait fait un petit emprunt. Après, dans notre projet, on a essayé de financer notre développement et on a surtout divisé notre salaire par deux. C’était une période difficile mais ce n’était pas un problème.

 

 

question-7

Je pense que Nikita est née sous une bonne étoile. On avait décidé dès 91 que ce serait les clients qui parleraient de nous. Nous avions déjà ce sens de l’e-réputation et des réseaux sociaux. On savait que notre meilleure communication, ce serait que les gens travaillent avec nous, soient partenaires. Il fallait qu’ils aient une bonne expérience avec Nikita pour qu’ils en parlent à l’extérieur. C’est ainsi que nous nous sommes développés, par le bouche à oreille.

 

Prise de parole de Myriam Vaudet-Laisné,

Déléguée DRDFE présente à la visite d’entreprise

Les femmes croient souvent qu’il suffit d’être une bonne professionnelle pour arriver dans la vie. Or ce n’est pas le cas. Une étude a été faite sur les sortants de l’IAE et il s’est avéré que les filles avaient 20% de salaire en moins que les hommes. Pourquoi ? Souvent elles ne pensent pas à négocier leur salaire. Souvent elles y vont moins. Après, le fossé se creuse et aujourd’hui il y a 600 euros de différence de retraite en moyenne entre hommes et femmes. Même dans la fonction publique où il y a les mêmes grilles de salaire, les primes varient, les réalités ne sont pas tout à fait les mêmes. Donc si vous êtes étudiantes, sachez que c’est normal d’aller négocier son salaire et de demander des augmentations. Il faut que vous soyez des acteurs !

 

 

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