Séverine Gottrand, créatrice de Temporis (franchise), ouvre les portes de son agence

pour échanger avec le public sur les différentes facettes de son expérience d’entrepreneure…

Près de 25 femmes assistent à la visite.

LE PARCOURS DE SEVERINE GOTTRAND

CREATRICE DE L'AGENCE TEMPORIS

Se lancer dans l’aventure

Je suis cheffe d’entreprise depuis un peu plus de deux ans. Passionnée de ressources humaines et avec une expérience d’environ 7 ans dans l’intérim, j’ai voulu me lancer dans l’aventure Temporis, ce qui signifiait créer une agence d’emplois « Nouvelle génération » à Lille. J’ai ouvert en septembre 2011. Je suis indépendante mais j’appartiens à un réseau, j’ai créé une SARL et j’emprunte un nom qui s’appelle Temporis d’où le terme « franchisé ».

La naissance de l’idée

Comment l’idée m’est venue ? C’est un licenciement économique qui m’a mis sur le chemin de la création d’entreprise. J’ai travaillé pendant 7 ans en tant que salariée dans ce domaine d’activité. En fin d’année 2010 mon patron m’annonce qu’il va revendre son portefeuille clients ce qui signifie : licenciement économique. Finalement, ça s’est transformé en une bonne nouvelle dans la mesure où j’ai pu rebondir positivement en me mettant à mon compte. J’ai été assistance commerciale, puis responsable d’agence donc c’était la suite logique de mon parcours professionnel que de devenir franchisé.

Etre prête à prendre des risques pour réussir

A ce moment là, l’idée était plutôt séduisante mais c’était plus facile à dire qu’à faire. Mon mari et moi, nous venions de contracter un emprunt immobilier pour notre maison, ma fille avait 4 ans et je venais de subir un licenciement. Je n’avais pas les fonds propres nécessaires pour me lancer dans l’aventure d’une création mais j’en avais très envie, pour moi c’était le moment où jamais. Le franchiseur me poussait un peu en me disant « vous êtes faites pour ça, il faut y aller ! » J’avais envie de le croire. J’en ai donc conclu qu’il fallait que je me lance en sachant tout de même que je prenais des risques.

Se fixer des objectifs et se donner les moyens pour les atteindre

Etant jeune, j’ai eu la chance d’être athlète de haut niveau, j’ai fait du badminton à l’âge de 7 ans et demi et je suis rentrée en équipe de France à 9 ans jusqu’à presque 20 ans. J’ai été ravie et c’est grâce à cela que j’ai développé cette capacité à me fixer des objectifs. Comment fait-on pour être prête et tenter de gagner ? Quand j’ai créé, j’ai utilisé ces outils là. C’est ce mental qui m’a aidé à surmonter les difficultés.

S’assurer du soutien de l’entourage et de la viabilité du projet

Avant de convaincre le banquier, il a fallu convaincre mon mari. Celui-ci, me connaissant et sachant que j’avais toujours besoin de projets forts, m’a conseillé de foncer. On a eu l’opportunité d’organiser une crémaillère, j’ai eu un peu d’argent que j’ai utilisé pour acheter des tickets d’avion pour aller rencontrer le franchiseur, il s’agissait de valider la viabilité du projet : est-ce que ça va marcher ? Est-ce qu’il faut effectuer l’investissement ou pas ? Ça s’est confirmé à ce moment là.

Savoir s’entourer pour avancer plus vite et trouver des financements

Comme je n’avais pas le capital nécessaire, je me suis associée avec le franchiseur en restant majoritaire ce qui m’a permis d’obtenir l’emprunt de la banque. J’ai aussi bénéficié de l’accompagnement d’Initiatives Plurielles, notamment celui d’Ahmed Bariz qui m’a conseillé à chaque étape de la création. Il m’a surtout préparée à me présenter au comité d’agrément afin d’obtenir une avance remboursable qui s’appelle NACRE. J’ai eu la chance de l’obtenir, ce qui m’a permis de l’ajouter à mon capital. A partir de là a commencé un marathon pour ouvrir le rideau de l’agence au 1er septembre 2011. J’ai été licenciée en mai 2011 et j’ouvrais au 1er septembre. C'était fou!

Avoir la bonne posture face au banquier

Quand vous allez voir le banquier il faut être prête. Déjà, si vous croyez vraiment au projet, si vous êtes capable de le porter, de le défendre, vous pourrez plus facilement le convaincre. Et après il y a le business plan, s’il est crédible, en général le banquier vous suit même dans un contexte délicat. Moi quand j’ai ouvert, c’était compliqué mais il a suivi. En plus de cet apport là, il me fallait une garantie financière. Il y avait aussi la maison. Je pense qu’une fois que le projet est bien ficelé, le banquier a envie de vous suivre.

Trouver un équilibre entre sa vie professionnelle et personnelle

Je pense que depuis peu j’ai réussi à trouver mon équilibre professionnel et personnel, aussi grâce au soutien de mon mari. C’était important dans mon histoire. Au début on se dit qu’on est trop souvent sur son lieu de travail et pas assez avec son enfant, et puis quand on est avec son enfant on pense à ce qu’il y a à faire au travail. Alors je me suis dit : quand je suis au travail, j’y suis à 100% et c’est la même chose quand je suis avec ma famille. Cet équilibre m’a permis d’envisager un deuxième heureux évènement puisque je suis en ce moment même enceinte !

Avoir un mental solide pour dépasser les aléas de la création

Créer une société c’est réaliser un ensemble d’étapes chronologiques. Clairement, dans mon parcours, j’ai souvent été ralentie par certaines démarches administratives. Pour moi, la création n’a pas été simple mais je pense que quand on a envie, on y arrive. Il y a des matins où je me demandais ce que j’étais en train de faire et dans ces moments là, mon mental de sportive, le soutien de mes proches, ma capacité à me fixer des objectifs et mon équipe qui est là (Séverine désigne ses collègues installées à leur poste de travail) m’ont beaucoup aidé.

Aujourd’hui et demain, les perspectives d’avenir

Aujourd’hui les nuits sont courtes mais je suis très contente parce que tous les matins je me lève et je fais quelque chose que j’aime, ce qui est important. J’ai eu aussi cette chance d’atteindre un équilibre financier au niveau de l’agence au bout de 15 mois, ce qui est très positif. Cela me permet d’avoir un nouveau projet pour 2015 : l’ouverture d’une seconde agence !

Un conseil pour les créatrices de demain

Si j’ai un conseil à donner, c’est celui de rencontrer des personnes chefs d’entreprise pour connaître toutes les étapes de la création à travers leur expérience. C’est comme tout, quand on ne l’a jamais fait, on découvre plein de choses ! Et le fait de partager ça permet d’avoir une image du parcours à effectuer. Après, il faut être prêt mentalement à se lancer, ne pas faire les choses à moitié, être tenace et y aller.

Un bilan positif

Pour moi, même si la création d’entreprise n’a pas toujours été un parcours simple, ça s’est plutôt bien réalisé et si c’était à refaire, je referais la même chose. Ca fait partie d’une nouvelle aventure dans mon parcours professionnel et quand je fais le point, je me dis que c’est dommage de ne pas l’avoir fait avant. Au bout de deux ans, le bilan est donc plutôt positif. Je suis à mon compte. J’ai eu la chance de pouvoir développer l’équipe. On crée des emplois ce qui est quand même super dans le contexte économique actuel.

Etant dans un réseau de franchise, il y a un positionnement qui existe. « Nouvelle génération » ça signifie travailler avec les nouveaux outils. En termes de recrutement, on travaille beaucoup par Internet, on s’adapte pour être plus réactifs. On essaie d’être à la pointe de la technologie. Je fais partie d’une commission de dialogue et de travail dans ce réseau pour essayer de faire avancer les choses. Il faut pouvoir s’adapter à la société et à nos candidats à la recherche d’emplois.

Nous sommes généralistes. Nous avons démarré fortement avec le BTP parce que ça peut aller très vite dans ce secteur et nous nous sommes ouverts depuis peu au tertiaire.

Pour cette franchise c’était 140 k/euro, ce qui n’est pas négligeable. Comme je vous l’ai dit, j’ai pu obtenir le NACRE, à cela j’ai ajouté une somme d’argent liée à ma prime de licenciement ainsi qu’une aide financière de mes parents. La somme obtenue a été complétée par celle du franchiseur. A partir de là, vous obtenez un capital social significatif et vous pouvez aller voir le banquier pour lui dire qu’il vous manque tant.

J’en ai discuté avec mon banquier un an après - parce qu’on se connaît bien maintenant - et je lui ai demandé : du fait que je sois une femme, m’avez-vous regardé différemment ? Il m’a répondu que oui. Quand il a ouvert la porte, il s’est dit : « tiens, c’est une femme ». Mais après, quand on s’est assis, c’était le projet qui comptait avant tout.

Fatiha Legzouli, co-directrice d’Initiatives Plurielles – Une étude qui a été faite en Bretagne, montre que les critères de sélection des banquiers sont la viabilité économique du projet bien sûr, mais aussi le fait d’être une femme seule ou avec enfants, ça fait partie du deuxième critère de sélection. Aussi, je pense qu’il faut être deux fois plus convaincante face au banquier quand on est une femme pour prouver qu’on peut y arriver.

Effectivement, si j’étais allée voir le banquier en étant enceinte, comme en ce moment, je n’aurais pas eu le même accueil. A l’époque, certaines questions avaient été posées par le banquier : « vous êtes maman ? », « oui, j’ai une petite fille de 4 ans » Et après ma force de conviction a fait qu’on est passé outre. Si le projet est bien monté, c’est jouable, moi personnellement j’y croyais.

J’ai rencontré au total 4 banquiers et la chance que j’ai eu c’est d’être associée au réseau. Tout de suite, ce sont des mots qui parlent. Ensuite il faut présenter les chiffres, le business plan et expliquer ce que vous avez l’intention de faire. Il faut être très carré. Pour cela, on peut se faire accompagner par des structures. A ce niveau, Initiatives Plurielles m’a bien aidé.

Fatiha Legzouli, co-directrice d’Initiatives Plurielles – Il y a des possibilités de financements alternatifs avec Initiative Lille Métropole Sud pour Lille et environs et Initiative Lille Métropole Nord pour Roubaix, Tourcoing etc. Ce sont des plateformes d’initiatives qui accordent des prêts d’honneur à 0%. Ils n’auront pas forcément les mêmes critères de sélection que les banquiers. Ils vont vous suivre à partir du moment où vous êtes motivée et que votre projet tient la route. Il y a d’autres structures alternatives comme l’ADIE, les Cigales qui font de l’apport en Capital. Quand vous obtenez ce type de financements, vous avez plus de facilité à obtenir un prêt chez le banquier classique.

Moi je fonce mais je réfléchis quand même aussi ! Souvent les messieurs ont un projet et se lancent alors que nous, on attend de maîtriser les choses avant d’y aller. Le fait d’avoir occupé ces différentes fonctions professionnelles auparavant m’a permis de me rendre compte que je ne pouvais pas faire ce que je voulais en tant que salariée. On me disait d’appliquer des règles et je devais les suivre. Rapidement, je me suis rendue compte que je préférais pouvoir prendre mes décisions, apporter mes idées.

Stratégiquement, c’est le boulevard de l’intérim ici. Vu les loyers, je me suis contentée d’un 80m2 mais pour démarrer c’est très bien. Quand un demandeur d’emploi vient sur ce boulevard, il fait toutes les agences donc tout le monde est logé à la même enseigne ! Quand on me dit « vous êtes tous les mêmes », je réponds que l’implication est forcément différente parce que cette agence, c’est ma boîte. Ca joue beaucoup sur le business. Pour moi, il faut que ça marche. Et ici, on considère l’intérimaire de façon différente. On est plus sur du qualitatif. Il s’agit tout de même de trouver de l’emploi aux gens. C’est de l’humain.

Emilie, salariée de Temporis, prend la parole : « nous avons été licenciées en même temps, de la même boîte. On m’avait proposé un autre poste en gestion et ce n’est pas forcément ce que j’aime, je préfère le recrutement. Donc j’ai décliné. Après un licenciement économique ça peut faire peur mais finalement, j’ai bien fait. Je fais vraiment ce que j’aime. C’est une belle aventure.»

L’équipe comprend aussi Marion qui est assistante de gestion. Elle était stagiaire dans mon agence lorsque j’étais salariée. Comme ça c’était très bien passé, nous lui avions proposé un CDI. Puis nous nous sommes perdues de vue et lorsque j’ai monté la boîte, j’ai pensé à elle parce qu’elle avait l’avantage d’être polyvalente ce qui convient bien à une petite structure.

Marion, salariée de Temporis prend la parole « Quand Séverine m’a appelé pour me proposer le projet, j’étais en dernière année d’études, en apprentissage à la mairie de Lille. J’ai dit oui tout de suite. Ca me permettait d’avoir un CDI avant même de finir mes études ce qui n’est pas négligeable ! Et je savais que ce serait une bonne équipe. »

Elles ont vécu la création donc d’une certaine façon, c’est leur agence également. Emilie est partie en maternité pour son deuxième enfant. C’est à ce moment que nous avons intégré Axelle. L’idée c’était de lui permettre de rester si les chiffres étaient au rendez-vous et si elle faisait ses preuves. Nous avons donc pu lui offrir un CDI. Aujourd’hui, nous sommes quatre, une équipe de femmes !

Axelle, salariée de Temporis, prend la parole « J’ai connu Séverine en milieu professionnel puisqu’elle m’a démarché dans mon ancienne entreprise pour travailler en recrutement. Quand j’ai décidé de quitter cette société, j’ai contacté les agences avec lesquelles j’avais déjà eu des contacts donc j’ai appelé Séverine qui m’a positionné sur plusieurs entretiens et qui, finalement, m’a positionné chez elle, tout simplement ! Je suis en CDI ici depuis le 3 juin de cette année. »

Anne-Marie Marmier (présidente de l’Observatoire régionale de la parité) - A l’Observatoire régional de la parité, on trouve que le monde économique donne des exemples au monde politique d’une certaine façon. Donc on s’y intéresse et on travaille en ce moment avec le CORIFF à faire émerger quelles sont les avancées des femmes de la Région en termes de prise de responsabilité dans le monde économique. C’est pour cela que, effectivement, je connais IP depuis longtemps. Toutes ces questions m’intéressent et je trouve tout à fait passionnant les entretiens que vous mettez en ligne. Ca donne des exemples vivants. Dans ce que vous montrez : les échanges, le partage, etc. C’est une autre économie qui est mise en place, autre que l’économie standard linéaire et en force. Ce que je trouve très touchant dans votre histoire, c’est le fait de vouloir créer du travail pour les autres, de créer une entreprise et de créer des enfants aussi.

Pour moi le plus dur c’était la création. J’étais à fond dans mon projet et j’avais parfois des interlocuteurs qui ne m’écoutaient pas. J’avais l’impression de les embêter. Quand j’ai ouvert, j’étais tout feu tout flamme donc ça allait mais j’ai toujours ce stress qui consiste à se demander : est-ce que ça va marcher ? C’est aussi ça qui fait avance.

C’est lié à tous les métiers en effet mais lorsque j’étais salariée, j’avais un horaire et il m’estnrarement arrivé de partir à 20h30. Il faut dire aussi qu’en tant que cheffe d’entreprise on est libre de son temps donc de son organisation. Il y a une liberté qui fait que vous pouvez trouver cette organisation. Quand je suis tombée enceinte la première fois, je suis allée voir mon patron et j’avais l’impression de lui annoncer une mauvaise nouvelle. Je l’ai mal vécu. Aujourd’hui, je suis ravie ! Les filles sont contentes, c’est complètement différent. C’est important de le dire.

Je pense que des incertitudes, on en a toujours. Si ça peut vous rassurer, dans le réseau, le meilleur chiffre d’affaire est réalisé par quelqu’un qui ne vient pas de l’intérim. Moi ça m’a sécurisé de me lancer là dedans en ayant déjà une expérience professionnelle mais tout est relatif. Expérience ou pas, je suis convaincue qu’il faut aller voir d’autres chefs d’entreprise pour leur demander ce qu’ils ont vécu, par quelles étapes ils sont passés. Il faut pouvoir mesurer le parcours nécessaire pour atteindre l’objectif. Il ne faut pas se lancer sans savoir.

Oui. On entre dans nos objectifs. J’ai dû attendre 15 mois avant de pouvoir me rémunérer. Ce licenciement économique dont nous avons parlé tout à l’heure m’a permis d’avoir une rentrée d’argent pendant quelques mois. Et là je me paye enfin.

Quand on a ouvert, nous n’avions pas de clients. Je suis donc allée sur le terrain. Il y a eu un article dans la voix du nord pour annoncer mon ouverture, ma première démarche a été d’aller vers mes anciens clients, je leur ai signifié que je m’étais mise à mon compte. Mais il ne faut pas rêver, je suis toutes les semaines sur le terrain. Je fais de la prospection. Ca fait partie de mon travail. Je gère les clients, je les fidélise, je négocie les prix avec eux, je fais attention à la solvabilité de la société, etc. C’est aussi cela qui fait qu’on se remet en question tous les jours. C’est très important. Il ne faut pas penser que les choses sont acquises.

Nous avons gagné le trophée de la meilleure progression en ouverture d’agence ainsi que celui de la meilleure inauguration. Nous étions ravis ! On se compare toujours au réseau. On compare nos chiffres au niveau national et moi, j’aime le challenge.

Il y a plus d’hommes que de femmes mais la tendance commence à s’inverser. Nous sommes à peu près 60 et il doit y avoir un peu moins de 30 femmes. On y est presque ! En 3 ans et demi, les choses ont beaucoup évolué. Il faut dire que les femmes sont très présentes dans le recrutement.

Moi je savais que pendant un an je n’aurais pas de revenus et l’apport financier nécessaire était très important. Ca dépend donc des projets. Certaines personnes n’ont pas besoin de tout ça. Dans mon cas, l’investissement était lourd. Mais mon conjoint ne m’a pas aidé financièrement, il m’a aidé moralement. Il est souvent dans l’ombre et je n’en parle pas forcément ce qui est un tort parce que sans lui, j’aurais eu du mal à trouver un équilibre vie professionnelle / vie familiale.

Moi je n’en avais pas. Je ne maitrisais que la partie commerciale. C’est pour cela que j’ai un expert comptable aujourd’hui. Vous ne pouvez pas tout savoir. Vous apprenez sur le tard. Ca dépend aussi des secteurs d’activité, je pense qu’à chaque métier il y a une façon de procéder. Par contre, la chose dont je suis certaine c’est qu’il ne faut pas se lancer tête baissée, il faut faire une étude de marché, il faut rencontrer des personnes dans le secteur et décider de faire une formation si ça s’impose, même si le projet vous tient à cœur.

Moi, à 20 ans, j’étais en équipe de France. Je devais faire un choix entre passion et raison parce que je voulais continuer le badminton mais mes parents m’ont dit qu’il faudrait que je fasse des études. Donc à votre place, je n’aurais pas pu le faire ! Lorsque j’ai travaillé en intérim, je me suis aperçue que l’idée de la création me plaisait bien. Quand je disais à ma famille et à mon conjoint que je voulais créer dans ce domaine, ils me répondaient que j’étais folle, qu’il fallait un apport énorme pour ça. Donc la solution, c’était la franchise. Selon moi, quand le projet est là, peu importe l’âge. Moi j’avais 30 ans quand j’ai créé.

J’avais peur de m’enfermer dans un secteur duquel je ne pourrais pas me sortir donc j’ai fait des études généralistes pour être sûre de pouvoir rebondir. J’ai fait Langues Etrangères Appliquées, après j’ai fait du commerce international et ensuite j’ai fait management des ressources humaines à l’INA.

Fatiha Legzouli, co-directrice d’Initiatives Plurielles – A Initiatives Plurielles, la moyenne d’âge doit être équivalente à la moyenne nationale, c’est plutôt 39, 40 ans. On commence à avoir de plus en plus de jeunes de moins de 28 ans. Quand on crée, il y a deux dimensions à maitriser : le métier de cheffe d’entreprise et l’activité dans laquelle on veut se lancer. Avoir de l’expérience c’est toujours un plus, d’ailleurs de nombreuses études montrent que plus on a d’expérience dans des postes à responsabilité, plus on a de chance de réussir son entreprise. Maintenant cela ne veut pas dire que si on en n’a pas, on ne réussira pas. Il faut juste savoir s’entourer, aller dans les réseaux, ne pas hésiter à faire des stages en entreprise dans le secteur d’activité qui vous intéresse, et avoir une marraine, une tutrice qui est passée par les étapes de la création et qui pourra vous aiguiller, vous faire passer son expérience. Il faut s’entourer beaucoup plus, avoir plus d’accompagnement mais c’est tout à fait faisable ! Il est intéressant de constater que dans les universités, de plus en plus, il y a des hubhouses qui se mettent en place, des bureaux de conseil à la création d’entreprise. Il y a une association qui s’appelle « entreprendre pour apprendre » et qui va dans les collèges, les lycées pour sensibiliser à la création d’entreprise. Ainsi, on met les étudiants sur des projets concrets. Monter une association au sein de l’université par exemple, c’est une démarche projet. On acquiert des compétences qui peuvent se transférer dans la création d’entreprise.

Séverine Gottrand - Et le parrainage, marrainage, c’est très important ! Moi j’ai un parrain au sein du réseau, ça s’est fait naturellement parce qu’à chaque étape on a besoin d’apprendre. Je trouve cette idée intéressante. Il ne faut pas hésiter à aller chercher les informations là où on peut les trouver.

Fatiha Legzouli, co-directrice d’Initiatives Plurielles – Tout dépend de ce qu’on appelle échec. On apprend énormément d’une expérience de création et si elle ne dure pas, il ne faut pas le prendre forcément comme un échec. Il faut prendre en compte la façon dont on rebondit derrière et ce qu’on en tire. Dans d’autres pays que la France, ce n’est pas du tout vécu et considéré ainsi. Après, effectivement, nous recevons de plus en plus d’auto-entrepreneurs qui créent sans avoir fait d’étude de marché, sans avoir de préparation. Nous devons alors tout reprendre à zéro pour les accompagner.

Visite de l'agence Temporis

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